The Ultimate Question ...

Tuesday, April 12, 2016

Démocratie et république - 1ère partie

Ceux qui aiment leurs semblables ne peuvent pas ne pas s'intéresser à la société humaine et à son organisation - sujet d'étude central des sciences politiques. Le consensus actuel est que le meilleur système de gouvernance de la société humaine est la démocratie. En même temps, les responsables politiques français adorent invoquer "la République" à tout bout de champs, et "les valeurs républicaines", qu'ils prennent cependant rarement le risque d'énumérer clairement. Quel est le rapport entre la démocratie et la République - est-ce que la République c'est la démocratie, est-ce que les deux notions sont interchangeables ?

Intéressons-nous d'abord à la démocratie. Des faits récents qui devraient interpeller - suite aux "printemps arabes", des pays comme la Tunisie et l’Égypte ont eu l'occasion de passer de l'autocratie militaire à la démocratie. Avant eux, suite à la (deuxième) guerre d'Irak, les Américains avaient organisé des élections libres et démocratique et aujourd'hui l'Irak est, du moins théoriquement, une démocratie ... Force est de constater que les résultats de ces trois expériences sont assez loin d'être convaincants. On peut dire que des trois, la Tunisie a vécu le transition ... le moins mal. L'Irak démocratique ne fait pas vraiment envie aux irakiens, dont une majorité pense que les choses allaient mieux du temps de Saddam Hussein. Enfin la population égyptienne a largement cautionné l'abandon de la démocratie, qui avait abouti à l'installation d'un gouvernement inepte, et le retour à l'autocratie militaire.

Dans la démocratie, telle que largement comprise aujourd'hui, tout individu en âge de voter dispose d'une voix, ces voix servent à élire des législateurs qui ensuite désignent un pouvoir exécutif. Ce système possède des faiblesses structurelles, qui sont connues depuis longtemps et qu'illustrent toute une série de citations d'hommes politiques majeurs. Ainsi Winston Churchill: "la démocratie est la pire forme de gouvernement, mis à part toutes les autres qui ont été essayées" et encore "le meilleur argument contre la démocratie est une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen". Bien avant lui, Thomas Jefferson dit: "la démocratie n'est rien d'autre que la loi de la foule, où cinquante-et-un pourcent du peuple peut nier les droits des autres quarante-neuf pourcent." A la même époque, Benjamin Franklin avertissait: "la démocratie, c'est deux loups et un agneau en train de voter pour savoir ce qu'ils vont manger au déjeuner."

Ces citations restent d'actualité et mettent en évidence le plus grand risque dans un système démocratique: qu'une majorité vote en faveur d'une action ou d'une politique qui est nuisible à l'intérêt des plus faibles, voir à l'intérêt général à moyen et long-terme. Cela n'est pas nécessairement le résultat d'une "dictature de la majorité", comme illustré dans la citation de Jefferson lorsque la majorité agirait délibérément contre les intérêts de la minorité mais peut hélas se produire même lorsqu'une majorité de gens votent avec les meilleurs intentions en faveur d'une politique qu'ils pensent sincèrement être une bonne politique, une politique bénéfique à l'intérêt général. 

C'est ce dernier cas de figure qui m'inquiète plus particulièrement car je pense qu'il se produit déjà assez souvent et que le risque que cela continue s'accroît au fil du temps. Il y a au moins deux cas de figure qui sont propices à ce qu'un tel risque se matérialise: lorsqu'un "agent extérieur" réussit à influencer et persuader une majorité d'électeurs d'une chose qui est fausse. Cet "agent extérieur" peut être facilement visualisé dans la peau d'un(e) démagogue populiste - il suffit de rappeler qu'en 1933 le peuple allemand a démocratiquement élu Adolphe Hitler comme chancelier. Mais il peut également s'agir d'un évènement qui "marque les esprits" et suscite une réaction émotionnelle forte. Au risque de créer une polémique, je citerai ici la catastrophe de Fukushima qui a déterminé la chancelière allemande à annoncer une sortie programmée de l'Allemagne du nucléaire et la catastrophe des réfugiés syriens qui a mené la chancelière allemande à ouvrir unilatéralement et soudainement les portes de l'Europe à plus d'un million de réfugiés, sans grande préparation et sans grande consultation avec ses partenaires.  

Tout cela n'est absolument pas une façon de dire que la démocratie est un mauvais système et qu'il faudrait la remplacer. Le but de cette première partie est uniquement de souligner que la démocratie n'est pas parfaite et que si nous voulons gouverner la société humaine dans l'intérêt général à moyen et long terme, il faut associer la démocratie à des mesures complémentaires qui couvrent ses faiblesses et minimisent ses risques. C'est au fond ce que fait la République, dont je vais parler dans la 2ème partie. En réalité, nos sociétés occidentales développées ne sont pas des "simples démocraties" mais bien des "Républiques démocratiques" - autrement dit, le système de gouvernement est républicain, avec une (très forte) composante démocratique.

Friday, April 25, 2014

Pourquoi la croissance ?

La croissance économique est un sujet fédérateur. A part quelques écologistes radicaux et anarchistes, le spectre politique tout entier s'accorde pour dire qu'il faut de la croissance, que les mesures politiques à prendre doivent avoir pour objectif "le retour à" ou (dans les cas heureux) "l'accélération de", la croissance. Pourquoi cela, pourquoi la croissance est-elle tant désirable, pourquoi ni la gauche, ni la droite, ni aucune force politique sérieuse, ne conçoivent pas de faire sans ?

Parce que, pour paraphraser Sting, nous aimons tous nos enfants ... nous voulons pour eux un avenir meilleur que ce que nous avons connu ...

Nos sociétés sont contraintes par leur taille qui impose des modes de gouvernement par représentation. Des lors, les représentants sont obligés d'agir informés par des "vérités statistiques" - lorsqu'il s'agit de décider, de trancher, on ne peut que très rarement accommoder la diversité des valeurs humaines. Pour certains, un meilleur avenir veut dire un air plus propre et plus d'étendues vierges; pour d'autres, plus de temps pour voyager, pour goûter à l'art et à la création; enfin, pour beaucoup, un meilleur avenir se traduit par pouvoir aller faire des courses sans être obligé d'avoir tout le temps en tête le total de ce que l'on a déjà mis dans le caddy pour déduire la somme dont on dispose encore ... Nos représentants, soient-ils de gauche ou de droite, ont comme première mission de nous encourager à continuer à vivre ensemble. Mais si nous devons vivre ensemble, alors il faut trouver une façon de réconcilier des objectifs qui le sont parfois difficilement. Et lorsque cela s'avère impossible, lorsqu'il faut trancher, c'est bien la majorité qui l'emporte, au nom d'un principe communément accepté d'égalité entre tous les hommes - si une opinion ne pèse pas plus qu'une autre, si nous sommes deux à la partager, nous l'emportons sur celui qui est tout seul.

La croissance économique signifie "plus". Plus de biens matériels (mais aussi culturels et spirituels); plus de services. Nous arrivons à conclure que si, indéniablement, une majorité traduit "un meilleur avenir pour nos enfants" par "plus de biens matériels, culturels et spirituels et plus de services pour nos enfants", la croissance s'impose, à gauche comme à droite, comme la seule réponse possible et le signe clair que notre système de gouvernance fonctionne plutôt bien puisque nos représentants nous obéissent.

La croissance devient d'autant plus nécessaire lorsque nous réalisons qu'il ne s'agit pas simplement de (mieux) partager les biens que nous possédons déjà. Déjà, parce qu'il n'existe pas de bien d'une durée d'utilisation infinie - tout bien matériel à une durée de vie limitée et ensuite il faut le renouveler, en produire un autre. L'enrichissement culturel et spirituel n'est pas envisageable si nous nous contentons des œuvres d'art produites jusqu'à un moment donné et cessons ensuite de créer ! De plus, les services sont éphémères - ils sont consommés au fur et à mesure qu'ils sont crées, ils ne possèdent pas de substance transmissible. Sans parler de notre empathie et pouvoir de compassion pour ceux qui n'ont presque rien, les pauvres près de chez nous comme les pauvres de loin, auxquels nous aimerions bien donner la possibilité de jouir d'au moins un minimum de confort matériel.

Pour ce faire, il faut produire, des biens et des services, et de plus en plus - il y a encore des pauvres dans nos pays, des pauvres qui n'ont pas de logement - il faut en construire plus. Il y a encore des pauvres européens, qui partagent tant avec nous, au niveau historique, culturel, des citoyens qui ont tout le droit de vouloir travailler honnêtement et s'en sortir par le travail, qui ont tout le droit de vouloir un meilleur avenir pour leurs enfants. Il y a ensuite plusieurs centaines de millions de chinois dans la pauvreté, qui ont vu des centaines de millions de leur compatriotes acquérir un niveau de vie décent grâce au travail. Et il y a encore pas loin d'un milliard d'indiens, pakistanais et bangladeshis et près d'un demi milliard d'africains à sortir de la pauvreté. C'est bien notre capacité à nous émouvoir pour eux qui nous rend humains.

Si nous voulons un meilleur avenir pour nos enfants, mais aussi pour tous nos frères humains, le partage ne peut pas suffire. La croissance économique est la solution.

Saturday, January 19, 2013

La France et le diesel

L'autre jour, j'ai lu un article qui mentionnait l'impressionnante "dieselisation" du parc automobile français. Je crois avoir vu le chiffre de 82% et je crois qu'il s'agissait de la proportion de motorisations diesel dans les voitures immatriculées en 2012. Si vous faites une recherche avec "dieselisation du parc automobile", un grand nombre d'articles en ressort. Un rapport du Sénat français sur le sujet choisit de mettre en avant la supériorité du diesel en termes de réduction des émissions de CO2 provenant du parc automobile. C'est vrai, le rendement des moteurs diesel étant supérieur, les voitures qui en sont équipées consomment moins et émettent par conséquent moins de CO2 dans l'atmosphère.

D'autres articles en revanche relèvent le problème de l'importante quantité d'oxydes d'azote et surtout de particules fines que ces moteurs dégagent, pollution spécifique ayant un effet nocif prouvé sur la santé. S'il est difficile d'argumenter qu'il faut désormais activement décourager les motorisations diesel pour éviter cette pollution aux particules fines des zones urbaines (après tout, il existe des voitures diesel équipées de filtres à particules, bien qu'elles ne soient pas encore suffisamment répandues), il est toutefois légitime de se demander s'il est justifié de continuer à favoriser fiscalement le diesel par rapport à l'essence, comme le fait la France, surtout dans une période économique dans laquelle le gouvernement est à la recherche de nouvelles ressources financières.

Pour savoir de quoi nous parlons, la France consomme environ 32 millions de tonnes de gazole par an et si on prend en compte la densité du gazole cela donne pas loin de 40 milliards de litres. Ramener la taxation du gazole au niveau de l'essence rajouterait 18 centimes d'euros au litre de gazole et rapporterait plus de 7 milliards d'euros au budget (à peu près équivalent au relèvement d'un point de la TVA).

Ramener le niveau de fiscalité du gazole à celui de l'essence serait donc une opération justifiée pour des raisons de santé publique (il n'y a pas de raison de favoriser fiscalement le diesel dès lors qu'on sait que sa combustion est plus nocive pour la santé que celle de l'essence) et pour des raisons budgétaires et reviendrait à fermer une "niche fiscale". Le gouvernement le sait mais s'il n'agit pas, c'est parce que, tactiquement parlant, il ne se sent pas en bonne position pour affronter les lobbys du gazole qui auraient la capacité de paralyser le pays.

Quels sont ces lobbys ? En premier lieu, tous les transporteurs routiers et syndicats de taxis mais aussi les pêcheurs. Les pêcheurs ne peuvent pas forcément beaucoup nuire, mais ils jouissent d'un capital de sympathie dans l'opinion publique qu'il ne faut pas négliger. Pour leur part, les chauffeurs routiers et les taxis pourraient facilement mettre le pays en état "d'arrêt cardiaque" en bloquant les axes de circulation.

Y'a-t-il néanmoins une façon de faire ? En fin de compte, on parle tout de même de 7 milliards par an, il me semble que cela vaut le coup de se pencher sur la question.

Comment peut-on l'emporter face à une telle opposition, comment vaincre les lobbys ? En théorie, il y a au moins deux façons: soit on les affronte directement, soit on les soudoie. Puisque je ne pense pas que le risque d'une défaite soit acceptable en cas d'affrontement direct, pourquoi ne pas explorer la deuxième possibilité. Certes, ce n'est pas très noble, mais dans pareil cas, la fin justifie les moyens.

En pratique, comment cela pourrait-il se faire ? Le gouvernement pourrait envoyer discrètement des émissaires pour rencontrer séparément les représentants des lobbys dont le soutien est jugé indispensable avec le message: "on veut faire cette réforme mais elle n'est pas dirigée contre vous, travaillons ensemble pour que vos entreprises restent viables". L'objectif est de gagner leur confiance pour collaborer vers une solution qui satisfait aussi bien les lobbys que le gouvernement. Certes, le dindon de la farce est le particulier, ce qui n'anoblit guère la démarche.

Sur la consommation de gazole française, environ 40% est le fait des quelques 42 000 entreprises de transport routier et logistique. Si on rajoute les taxis et les pêcheurs, on doit pas être loin de 50%. Ce que je proposerais (si j'étais le négociateur du gouvernement), serait un changement graduel, disons sur 10 ans. Cela commencerait par une inscription de chaque entreprise membre d'un des lobbys partenaires dans un registre spécial (RS). Les constructeurs automobiles devraient être également mis au courant en secret avant le publique pour qu'ils puissent prendre les mesures qui s'imposent au niveau de leurs stocks et mixes de production et lancer des campagnes marketing "prescientes". Enfin le public serait averti qu'après un délai (disons 6 mois), la TICPE (ancienne TIPP) sur le gazole augmenterait de 18 cents (pour être égale à celle sur l'essence). L'augmentation pourrait éventuellement être graduelle et s'étaler sur une période de 6 mois ou 1 an (pour éviter encore mieux à l'opinion l'effet de choc psychologique).

Sur les 7 mld et quelques récoltés lors de la première année pleine après alignement des taxes, 4 ou 4.5 (plus de la moitié donc) seraient reversés directement aux entreprises du RS. Elles seraient ainsi gagnantes la première année, en récupérant une somme supérieure à celle déboursée pour faire face à l'augmentation du prix. Ce reversement diminuerait ensuite graduellement, d'année en année, pour un effet nul sur les entreprises du RS après 2 ou 3 ans et pourrait ensuite continuer à déplacer le curseur (fonction du talent des négociateurs gouvernementaux) jusqu'à une répartition en année pleine de, disons, 5 mld pour l'Etat et 2 mld pour les entreprises du RS.

A moins que vous soyez un particulier français propriétaire d'une voiture diesel, je ne vois pas comment ce plan, qui contribuera à un air plus propre et à un budget de l'Etat un peu plus sain, pourrait ne pas vous plaire

Thursday, September 20, 2012

Les opportunités manquées de la France

Nous sommes à l'automne 2012. La France, mon pays d'adoption, semble s'enfoncer inexorablement dans un marasme économique de plus en plus profond, tel un animal piégé dans des sables mouvants et qui, en se débattant, se condamne ... Le chômage a dépassé le chiffre symbolique de 3 millions de chômeurs ... le déficit et la dette ne font que se creuser, la production industrielle et le moral des entrepreneurs sont en déclin mois après mois; pour citer Stephan Eicher, "les nouvelles sont mauvaises, d'où qu'elles viennent".

Pourtant, les français ont eu le destin du pays entre leurs mains, car ils ont voté quelques mois auparavant. A mon grand effroi, ils ont choisi un projet fait de déclarations de bonnes intentions mais s'appuyant sur une profonde incompréhension des mécanismes économiques à l'oeuvre dans le monde d'aujourd'hui, un projet reflétant au fond l'incompréhension de l'électorat, son ignorance, son aveuglement, son incapacité à se remettre en question et à lâcher prise d'un passé glorieux qui ne reviendra malheureusement jamais.

Plutôt que d'essayer de suivre les quelques lueurs d'espoir, les français se serrent les coudes pour rester dans le brouillard moite et épais qui protège leurs regards et leurs consciences des réalités d'un monde qu'ils sont incapables de regarder en face. Ils sont transis mais le froid de la crise engourdit leurs corps et cet engourdissement les apaise et le berce sournoisement tel un venin remontant fatalement dans les veines ...

Avant, c'était peut être différent. Mais voilà, avant, c'était avant et maintenant je m’aperçois de la malchance de mes compatriotes : David Ricardo, il n'était pas français ! Du coup, personne ne semble connaître ses travaux et surtout, personne ne semble conscient de ce que ses résultats impliquent pour l'économie française. Le système capitaliste, les français y vivent mais ne le comprennent que par le prisme de l'analyse marxiste. Pourtant, je pensais qu'il y avait plus de 20 ans qu'on avait réfuté de façon péremptoire les théories de Marx, avec la chute des régimes communistes de l'Europe de l'Est ... Personne ne semble avoir pris la mesure de cela, personne ne semble s'être inquiété, avoir cherché une nouvelle théorie pour comprendre le système économique du pays ...

Ce qui me surprend le plus, c'est que dans un pays avec un système d'éducation aussi performant que la France, les gens tombent aussi facilement en proie au bigotisme ... Non, je ne parle pas du bigotisme religieux mais plutôt d'un bigotisme qu'on pourrait appeler "anti-..." Un bigotisme contestataire, presque anarchiste. Antireligieux mais aussi viscéralement anticapitaliste, anti-profit, anti-riches et anti-enrichissement donc forcément anti-création de richesse ... Un bigotisme autodestructeur ... car comment sortir de la crise quand on ne peut pas réprimer sa haine pour l'argent, pour ceux qui aiment l'argent, pour ceux qui ne se contentent pas de peu et veulent plus, pour la destruction créatrice qui est la machine thermique, le cycle de Carnot de l'économie capitaliste.

Au delà de la crise, dont la France pourrait temporairement sortir par pure chance, tirée vers le haut par ses partenaires commerciaux si le reste de l'Europe venait à sortir lui même de la crise, la France est engagée dans un déclin séculaire et je ne vois pas comment elle pourrait s'en sortir tant que les français ne commencent pas par se réconcilier avec l'argent. Car les français détestent l'argent. Ils sont éduqués, dès le plus jeune âge, à considérer que l'argent est sale et détestable et s'en veulent lorsqu'ils se surprennent eux même à le désirer.

Sauf que dans un monde d'échanges, l'argent est avant tout le vecteur matériel de la confiance. Dans l'économie d'aujourd'hui, lorsqu'on donne de l'argent à quelqu'un, on lui fait un peu confiance. Lorsqu'on reçoit de l'argent, on reçoit la confiance de quelqu'un. Du coup ne pas aimer l'argent revient, dans une interaction économique, à ne pas faire confiance, à ne pas aimer ses proches. Les français aiment leurs semblables, sont généreux et humanistes. Mais il ne veulent pas de ce vecteur de l'amour qu'est l'argent ... C'est un peu dommage ...

A quoi tout cela a mené ? Dans un monde régi de plus en plus par la loi de l'avantage comparatif de David Ricardo, l'opinion publique française préfère l'adoration bigote d'une philosophie diffuse écolo-rétrograde et en ce faisant interdit au pays de saisir ses chances d'obtenir un avantage comparatif.

  • Un grand nombre de français sont opposés à l'énergie nucléaire alors que le nucléaire est un domaine d'excellence de la France. Et le pire est que cette opposition émane d'une psychose irrationnelle, d'une phobie héritée du temps de la guerre froide et jamais soignée depuis. 
  • François Hollande vient de sceller le sort de l'exploitation des sources d'hydrocarbures non conventionnelles jusqu'à la fin de son mandat. Peu importe que plus de deux tiers du déficit du commerce extérieur de la France sont dus à la facture d'hydrocarbures importés. Peu importe que les technologies de fracturation ont permis l'émergence d'une nouvelle industrie (non délocalisable) aux Etats Unis, industrie créditée la bas de la création de 600 000 emplois, d'avoir transformé les Etats Unis d'un des plus gros importateurs de gaz en un exportateur, peu importe que lorsqu'on prend la peine de comprendre la technique on se rend facilement compte que le soit disant danger pour l'environnement est totalement maîtrisable mais a été manipulé hors de toute proportion pour générer une autre psychose. Peu importe que cela puisse générer de l'emploi, de la richesse, réduire la dette et le chômage. Ce qui est grave, c'est qu'il y aurait des gens qui s'enrichiraient et ça, les français ne le supportent pas ! "Les multinationales" sont leur nouveau Satan.
  • Je viens de regarder quelques minutes d'une émission sur M6 sur les OGM ... Les organismes génétiquement modifiés, j'avais presque oublié cette autre opportunité pour un pays qui adoube des centaines de docteurs en biologie chaque année ... Mais seulement voila, autre malchance, Charles Darwin n'était pas français non plus ... A la différence de l'énergie nucléaire, qui a tout de même été en cause récemment pour la mort de 2 (deux) personnes suite à l'accident de Fukushima (accident causé par un un tsunami qui a tué environ 15000 personnes), les OGM n'ont jamais tué personne ni n'ont jamais été associés avec un quelconque problème de santé ou environnemental. Tout au plus on a pu montrer que leurs traits artificiels pouvaient passer dans les population sauvages ("So what ?", aurait demandé Darwin). On ne peut pas dire la même chose de l'agriculture bio et organique, pourtant portée aux nues par les médias, mais qui a été à l'origine de la mort de 21 (vingt-et-une) personnes en 2011 en Allemagne (les pousses de soja "bio" contaminées par des souches dangereuses de E. coli). Sauf que voila, le lavage de cerveau a opéré et désormais plus personne n'ose remettre cela en question. Parce que les principaux promoteurs des OGM sont des "multinationales" (le Malin), qui pourraient donc s'enrichir si les OGM venaient à être acceptés,  "les OGM, c'est mal !". Un peu comme dans la "Ferme des Animaux" : "deux jambes, mauvais, quatre jambes, bon !" ... Ah, mince, dommage, Georges Orwell n'était pas français non plus ...     

Monday, June 20, 2011

The Greek debt crisis

(comment posted initially on Gavyn Davies's blog at the FT)

I wonder why such a ruckus ... this was all supposed to happen from the euro's inception : you anchor the currency implies that you lose the easy solution to the loss of competitiveness (devaluation) which in turn means you commit yourself to the better, if much bitter medicine of structural reform. The current drama is what the Greek need in order to swallow it. The Latvians didn't kick up such a fuss when the crisis forced them to an "internal devaluation" (wage deflation) - unlike the Greeks, they weren't wedded to the good times yet.

The thing is, the Greek economy is sclerotic, in thrall to special interests and lobby groups and badly needs reform. Remember the Greek trucking license (worth 300Keur) ? If the current debt crisis applies enough pressure, more economic sectors will be liberalized and the Greeks and their economy will (in the medium term) benefit. It couldn't have been done by a Greek government under any other circumstances (as illustrated for instance by the Paris taxis - where a license is worth "only" about 250 Keur).

This crisis is good for Greece and good for Europe because it will advance federalist ideas (such as the European Ministry of Finance), will legitimize EU-level surveillance of member countries and strengthen economic governance. The Greek debt CAN get under control if enough assets are sold. Here I admit I'm less sanguine than one year ago - I wonder what games Samaras plays - does he actually have a plan or is he simply posturing irresponsibly ? The debt needs to be paid, a credit event risks being perceived as a lethal wound to the whole European project; too many people have invested too much in this project to let it fail so miserably; not to mention the obviously very, very bad consequences of a return to financial chaos via a domino effect (if Greece defaults, who's to say that Ireland won't and if Ireland defaults who's to say that Portugal won't, etc.).

"Kicking the can down the road" is THE thing to do : the Greeks need some persuasion to pack their beach towels and get back to work on reasonable wages. You'd do no one a favor by letting them off the hook. Shacking them until they pay back is what any responsible father would do to his profligate, lazy, but beloved son. And it comes with the additional advantage of keeping the euro weak (see for instance the SFr parity) without the long term consequences of money creation - this, the Germans exporters can only like.

So here is my message to EU politicians : keep muddling for as long as is needed to achieve the important goal of reforming the Greek economy, the muddling is actually to (almost) everybody's benefit - it even provides great copy for the media.

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Saturday, April 30, 2005

OUI ou NON a la Constitution Europeenne

J'ai ecouté Mr. Lagarde (député UDF de Seine St. Denis, partisan du NON) sur France Info et c'était pour la première fois que j'entendais des arguments en apparence intelligents en faveur du NON. A une lecture plus proche de ses propos, j'ai été renforcé dans mes opinions, je reste dans le camp du OUI.

Les arguments de Mr. Lagarde tels que je les perçois:
- La constitution est trop longue et difficile a comprendre.
- Elle nous conduit sur une voie a trois ecueils:

  1. - l'élargissement à marche forcée
  2. - la rigidité de la construction politique proposée
  3. - la Turquie


Le premier argument - il faut le mettre en perspective: je ne crois pas que la Constitution soit aussi longue parce que ses pères sont prolixes et/ou aiment la prolixité. Si elle est aussi longue, c'est pour moi une preuve qu'il faut définir les choses de maniere suffisamment précise pour dissiper les craintes des 25 et pour reussir a obtenir leur adhesion. Si on avait pu rester plus bref et donc plus vague, on l'aurait fait. Mais ça aurait sans doute déclanché des protestation véhémentes de la part de l'un ou l'autre des contributeurs. Chacun de ceux qui ont participé avait sans doute pour mission d'y faire figurer quelques paragraphes représentant la contribution de son pays au texte. Bref, dire NON, même si on obtient une re-écriture, n'est en rien une garantie qu'on obtiendra un texte plus concis. Et le fait que le texte soit long n'est en soi pas un argument vraiment serieux pour le rejeter.
Les trois écueils sont des faux arguments: dire NON a la Constitution européenne n'aura aucun effet sur l'élargissement, ni celui de 2004 ni les futurs qui ont leurs origines dans les traités actuels. D'ailleurs à la fin de son propos Mr. Lagarde le reconnait. Oui, ca aurait ete mieux d'avoir une Constitution avant de faire l'elargissement. Mais si on l'avait fait, il est tres probable que cette Constitution aurait été TRES semblable a celle qu'on nous propose aujourd'hui et a laquelle Mr. Lagarde nous proposer de dire NON, ce qui est absurde. Par ailleurs, la Pologne, la Lituanie et d'autres nouveaux adhérents ont déjà accepté cette Constitution ! Même si on propose une autre, c'est quasi sûr qu'ils l'accepteront aussi, car les avantages d'être dans l'Union sont pour eux trop importants pour qu'ils puissent se permettre de faire leurs fiers.
Un discours similaire peut être tenu sur la Turquie. Je suis moi meme opposé a l'entrée de la Turquie dans l'Union (pour des raisons de cohérence du projet), mais je ne crois pas qu'en refusant la Constitution on influe réelement sur le processus d'adhésion (ou non) de la Turquie , ou peut être que si, mais alors je trouve que le prix a payer est trop important, car il s'agit de se priver, au moins jusqu'en 2009 et la renégociation du traite de Nice, des avancées réelles que la Constitution apporte dans le fonctionnement de l'Union.

Enfin le deuxieme écueil - la rigidité imposée - je crois que le principal rôle d'un texte tel que la Constitution est de poser des limites, de fixer les limites du possible. Ces limites, Mr. Lagarde les trouve insupportables. Personnellement je ne sais pas encore si elles le sont ou pas, mais il est clair qu'elles ont été négociées par les 25. Ce sont ces limites que ceux qui ont négocié la Constitution ont trouvé acceptables. Il est ridicule de penser que si on renegocie la Constitution on n'aura plus ces limites, tout simplement parce que ce n'est pas du tout ce que le camp du NON demande ! En fait le NON actuel est tellement informe qu'il me parait diforme ! Il n'y a pas de projet du NON ! Il y a un NON de gauche qui décrie le soi-disant liberalisme de la constitution, un non d'extreme droite, souverainiste et un NON UDF qui pinaille sur pourquoi 9 plutot que 3 ! Du coup si on renegocie, comment croyez vous qu'on pourra trouver un meilleur compromis alors que ceux qui s'opposent sont aussi divises ? C'est bien une preuve que, d'une part, on ne pourra jamais trouver de texte qui plaise a tout le monde et d'autre part que la Constitution, en l'état actuel, est très proche d'un compromis acceptable pour tout le monde, puisque personne ne pointe vers le meme "défaut" !

Tuesday, September 28, 2004

Fungible people

Johanna Rothman has just published a book about recruiting. You can find details here.

I feel like "throwing a stone in the wallow" (this is literally-translated French "jeter une pierre dans la mare" - I don't know what the English equivalent would be, maybe something like "hurling the shit toward the fan ...").

She says "I firmly believe that people are the foundation to any project's or technical organization's success". I used to believe the same, but I start wondering ...

It looks like every organization's purpose is to precisely free itself from the impact of its people's quality. To make people fungible. To define roles so precisely and so clearly that almost anyone would do.

There is a logic to this - the bigger the organization, the more difficult it is to keep the recruiting standards high. HR depts strive, but nature's laws work against them - on average, people are ... mediocre ... So roles and positions are better tuned so that even a mediocre person can fit.

Standards lead to a consistent quality level. We see this in every aspect of the life. A poor standard is better than no standard at all (VHS anyone ? Windows ? etc.) Why wouldn't the same reasoning apply in organizations ?

It's like un unspoken call: "CEOs of the world : Standardize your roles and positions !" So that even mediocre John Doe can fit them, any of them ! After all, this is what all this Business Process craze is all about. We do "business process modeling". This means abstracting the value that a business adds to little text boxes connected with arrows. If you think about it, we are also abstracting people while doing this. Nowhere in these BP models do you see the name of Mr "John A. Outstanding". Which implies that any "John D. Average" should do as well.