The Ultimate Question ...

Thursday, September 20, 2012

Les opportunités manquées de la France

Nous sommes à l'automne 2012. La France, mon pays d'adoption, semble s'enfoncer inexorablement dans un marasme économique de plus en plus profond, tel un animal piégé dans des sables mouvants et qui, en se débattant, se condamne ... Le chômage a dépassé le chiffre symbolique de 3 millions de chômeurs ... le déficit et la dette ne font que se creuser, la production industrielle et le moral des entrepreneurs sont en déclin mois après mois; pour citer Stephan Eicher, "les nouvelles sont mauvaises, d'où qu'elles viennent".

Pourtant, les français ont eu le destin du pays entre leurs mains, car ils ont voté quelques mois auparavant. A mon grand effroi, ils ont choisi un projet fait de déclarations de bonnes intentions mais s'appuyant sur une profonde incompréhension des mécanismes économiques à l'oeuvre dans le monde d'aujourd'hui, un projet reflétant au fond l'incompréhension de l'électorat, son ignorance, son aveuglement, son incapacité à se remettre en question et à lâcher prise d'un passé glorieux qui ne reviendra malheureusement jamais.

Plutôt que d'essayer de suivre les quelques lueurs d'espoir, les français se serrent les coudes pour rester dans le brouillard moite et épais qui protège leurs regards et leurs consciences des réalités d'un monde qu'ils sont incapables de regarder en face. Ils sont transis mais le froid de la crise engourdit leurs corps et cet engourdissement les apaise et le berce sournoisement tel un venin remontant fatalement dans les veines ...

Avant, c'était peut être différent. Mais voilà, avant, c'était avant et maintenant je m’aperçois de la malchance de mes compatriotes : David Ricardo, il n'était pas français ! Du coup, personne ne semble connaître ses travaux et surtout, personne ne semble conscient de ce que ses résultats impliquent pour l'économie française. Le système capitaliste, les français y vivent mais ne le comprennent que par le prisme de l'analyse marxiste. Pourtant, je pensais qu'il y avait plus de 20 ans qu'on avait réfuté de façon péremptoire les théories de Marx, avec la chute des régimes communistes de l'Europe de l'Est ... Personne ne semble avoir pris la mesure de cela, personne ne semble s'être inquiété, avoir cherché une nouvelle théorie pour comprendre le système économique du pays ...

Ce qui me surprend le plus, c'est que dans un pays avec un système d'éducation aussi performant que la France, les gens tombent aussi facilement en proie au bigotisme ... Non, je ne parle pas du bigotisme religieux mais plutôt d'un bigotisme qu'on pourrait appeler "anti-..." Un bigotisme contestataire, presque anarchiste. Antireligieux mais aussi viscéralement anticapitaliste, anti-profit, anti-riches et anti-enrichissement donc forcément anti-création de richesse ... Un bigotisme autodestructeur ... car comment sortir de la crise quand on ne peut pas réprimer sa haine pour l'argent, pour ceux qui aiment l'argent, pour ceux qui ne se contentent pas de peu et veulent plus, pour la destruction créatrice qui est la machine thermique, le cycle de Carnot de l'économie capitaliste.

Au delà de la crise, dont la France pourrait temporairement sortir par pure chance, tirée vers le haut par ses partenaires commerciaux si le reste de l'Europe venait à sortir lui même de la crise, la France est engagée dans un déclin séculaire et je ne vois pas comment elle pourrait s'en sortir tant que les français ne commencent pas par se réconcilier avec l'argent. Car les français détestent l'argent. Ils sont éduqués, dès le plus jeune âge, à considérer que l'argent est sale et détestable et s'en veulent lorsqu'ils se surprennent eux même à le désirer.

Sauf que dans un monde d'échanges, l'argent est avant tout le vecteur matériel de la confiance. Dans l'économie d'aujourd'hui, lorsqu'on donne de l'argent à quelqu'un, on lui fait un peu confiance. Lorsqu'on reçoit de l'argent, on reçoit la confiance de quelqu'un. Du coup ne pas aimer l'argent revient, dans une interaction économique, à ne pas faire confiance, à ne pas aimer ses proches. Les français aiment leurs semblables, sont généreux et humanistes. Mais il ne veulent pas de ce vecteur de l'amour qu'est l'argent ... C'est un peu dommage ...

A quoi tout cela a mené ? Dans un monde régi de plus en plus par la loi de l'avantage comparatif de David Ricardo, l'opinion publique française préfère l'adoration bigote d'une philosophie diffuse écolo-rétrograde et en ce faisant interdit au pays de saisir ses chances d'obtenir un avantage comparatif.

  • Un grand nombre de français sont opposés à l'énergie nucléaire alors que le nucléaire est un domaine d'excellence de la France. Et le pire est que cette opposition émane d'une psychose irrationnelle, d'une phobie héritée du temps de la guerre froide et jamais soignée depuis. 
  • François Hollande vient de sceller le sort de l'exploitation des sources d'hydrocarbures non conventionnelles jusqu'à la fin de son mandat. Peu importe que plus de deux tiers du déficit du commerce extérieur de la France sont dus à la facture d'hydrocarbures importés. Peu importe que les technologies de fracturation ont permis l'émergence d'une nouvelle industrie (non délocalisable) aux Etats Unis, industrie créditée la bas de la création de 600 000 emplois, d'avoir transformé les Etats Unis d'un des plus gros importateurs de gaz en un exportateur, peu importe que lorsqu'on prend la peine de comprendre la technique on se rend facilement compte que le soit disant danger pour l'environnement est totalement maîtrisable mais a été manipulé hors de toute proportion pour générer une autre psychose. Peu importe que cela puisse générer de l'emploi, de la richesse, réduire la dette et le chômage. Ce qui est grave, c'est qu'il y aurait des gens qui s'enrichiraient et ça, les français ne le supportent pas ! "Les multinationales" sont leur nouveau Satan.
  • Je viens de regarder quelques minutes d'une émission sur M6 sur les OGM ... Les organismes génétiquement modifiés, j'avais presque oublié cette autre opportunité pour un pays qui adoube des centaines de docteurs en biologie chaque année ... Mais seulement voila, autre malchance, Charles Darwin n'était pas français non plus ... A la différence de l'énergie nucléaire, qui a tout de même été en cause récemment pour la mort de 2 (deux) personnes suite à l'accident de Fukushima (accident causé par un un tsunami qui a tué environ 15000 personnes), les OGM n'ont jamais tué personne ni n'ont jamais été associés avec un quelconque problème de santé ou environnemental. Tout au plus on a pu montrer que leurs traits artificiels pouvaient passer dans les population sauvages ("So what ?", aurait demandé Darwin). On ne peut pas dire la même chose de l'agriculture bio et organique, pourtant portée aux nues par les médias, mais qui a été à l'origine de la mort de 21 (vingt-et-une) personnes en 2011 en Allemagne (les pousses de soja "bio" contaminées par des souches dangereuses de E. coli). Sauf que voila, le lavage de cerveau a opéré et désormais plus personne n'ose remettre cela en question. Parce que les principaux promoteurs des OGM sont des "multinationales" (le Malin), qui pourraient donc s'enrichir si les OGM venaient à être acceptés,  "les OGM, c'est mal !". Un peu comme dans la "Ferme des Animaux" : "deux jambes, mauvais, quatre jambes, bon !" ... Ah, mince, dommage, Georges Orwell n'était pas français non plus ...     

1 Comments:

  • J'ai récemment découvert que je n'étais (évidemment) pas le seul français à penser comme cela, qu'il y avait quelqu'un qui était allé jusqu'à écrire un livre : "Ils ont perdu la raison", par Jean de Kervasdoué

    By Blogger Sorin, at 25 April 2014 at 15:38  

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