The Ultimate Question ...

Friday, April 25, 2014

Pourquoi la croissance ?

La croissance économique est un sujet fédérateur. A part quelques écologistes radicaux et anarchistes, le spectre politique tout entier s'accorde pour dire qu'il faut de la croissance, que les mesures politiques à prendre doivent avoir pour objectif "le retour à" ou (dans les cas heureux) "l'accélération de", la croissance. Pourquoi cela, pourquoi la croissance est-elle tant désirable, pourquoi ni la gauche, ni la droite, ni aucune force politique sérieuse, ne conçoivent pas de faire sans ?

Parce que, pour paraphraser Sting, nous aimons tous nos enfants ... nous voulons pour eux un avenir meilleur que ce que nous avons connu ...

Nos sociétés sont contraintes par leur taille qui impose des modes de gouvernement par représentation. Des lors, les représentants sont obligés d'agir informés par des "vérités statistiques" - lorsqu'il s'agit de décider, de trancher, on ne peut que très rarement accommoder la diversité des valeurs humaines. Pour certains, un meilleur avenir veut dire un air plus propre et plus d'étendues vierges; pour d'autres, plus de temps pour voyager, pour goûter à l'art et à la création; enfin, pour beaucoup, un meilleur avenir se traduit par pouvoir aller faire des courses sans être obligé d'avoir tout le temps en tête le total de ce que l'on a déjà mis dans le caddy pour déduire la somme dont on dispose encore ... Nos représentants, soient-ils de gauche ou de droite, ont comme première mission de nous encourager à continuer à vivre ensemble. Mais si nous devons vivre ensemble, alors il faut trouver une façon de réconcilier des objectifs qui le sont parfois difficilement. Et lorsque cela s'avère impossible, lorsqu'il faut trancher, c'est bien la majorité qui l'emporte, au nom d'un principe communément accepté d'égalité entre tous les hommes - si une opinion ne pèse pas plus qu'une autre, si nous sommes deux à la partager, nous l'emportons sur celui qui est tout seul.

La croissance économique signifie "plus". Plus de biens matériels (mais aussi culturels et spirituels); plus de services. Nous arrivons à conclure que si, indéniablement, une majorité traduit "un meilleur avenir pour nos enfants" par "plus de biens matériels, culturels et spirituels et plus de services pour nos enfants", la croissance s'impose, à gauche comme à droite, comme la seule réponse possible et le signe clair que notre système de gouvernance fonctionne plutôt bien puisque nos représentants nous obéissent.

La croissance devient d'autant plus nécessaire lorsque nous réalisons qu'il ne s'agit pas simplement de (mieux) partager les biens que nous possédons déjà. Déjà, parce qu'il n'existe pas de bien d'une durée d'utilisation infinie - tout bien matériel à une durée de vie limitée et ensuite il faut le renouveler, en produire un autre. L'enrichissement culturel et spirituel n'est pas envisageable si nous nous contentons des œuvres d'art produites jusqu'à un moment donné et cessons ensuite de créer ! De plus, les services sont éphémères - ils sont consommés au fur et à mesure qu'ils sont crées, ils ne possèdent pas de substance transmissible. Sans parler de notre empathie et pouvoir de compassion pour ceux qui n'ont presque rien, les pauvres près de chez nous comme les pauvres de loin, auxquels nous aimerions bien donner la possibilité de jouir d'au moins un minimum de confort matériel.

Pour ce faire, il faut produire, des biens et des services, et de plus en plus - il y a encore des pauvres dans nos pays, des pauvres qui n'ont pas de logement - il faut en construire plus. Il y a encore des pauvres européens, qui partagent tant avec nous, au niveau historique, culturel, des citoyens qui ont tout le droit de vouloir travailler honnêtement et s'en sortir par le travail, qui ont tout le droit de vouloir un meilleur avenir pour leurs enfants. Il y a ensuite plusieurs centaines de millions de chinois dans la pauvreté, qui ont vu des centaines de millions de leur compatriotes acquérir un niveau de vie décent grâce au travail. Et il y a encore pas loin d'un milliard d'indiens, pakistanais et bangladeshis et près d'un demi milliard d'africains à sortir de la pauvreté. C'est bien notre capacité à nous émouvoir pour eux qui nous rend humains.

Si nous voulons un meilleur avenir pour nos enfants, mais aussi pour tous nos frères humains, le partage ne peut pas suffire. La croissance économique est la solution.